Objectif 2tonnes pour le climat : son origine, sa signification

Francois
14 min readMay 21, 2021

Qui s’intéresse de près ou de loin au sujet climatique entend régulièrement parler des 2tonnes. 2tonnes équivalent CO2, soit une quantité de gaz à effet de serre à émettre par an et par personne, et qui constitue/ constituerait un cap, un objectif, pour limiter le dérèglement climatique.

Ce chiffre est tellement iconique que nous avons décidé de l’utiliser pour donner un nom à l’atelier de sensibilisation sur le climat que j’ai créé en 2019 et que nous développons depuis. 2tonnes c’est donc aussi un atelier immersif qui facilite le passage à l’action pour le climat. En 2 ou 3h, un groupe de participants va tenter de réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre, ainsi que celles de l’ensemble de la population française pour atteindre 2 tonnes de CO2 équivalent par personne. Plus d’infos : www.2tonnes.org

Or, de nombreuses personnes nous demandent souvent : d’où vient l’objectif “2tonnes”. Est-ce un enjeu politique ou une donnée scientifique ? Est-ce un objectif permettant de limiter le changement climatique à 1,5°C ou à 2°C ? Nous avons aussi régulièrement des questions sur ce qu’il représente : Doit-on l’atteindre en 2030 ou en 2050 ? Cela prend-t-il en compte l’évolution démographique ?

La transition (nous appelons “transition” l’ensemble des actions qui permettront de limiter le changement climatique, ou plus généralement de construire un monde durable) est un défi collectif très ambitieux, qui nécessite que tous les acteurs agissent, et agissent ensemble. Pour cela, nous avons besoin de nous rassembler autour d’un objectif collectif. Durant les ateliers, le but que nous proposons actuellement est de viser les fameuses “2tonnes”. Nous avons souhaité vous partager ce que cet objectif représente pour nous en vous racontant une histoire qui commence en 1988…

L’article commence par donner le contexte historique pour ensuite expliquer l’Accord de Paris et son objectif. Puis, il présente des concepts et les principes de calcul qui permettent d’aboutir au chiffre 2tonnes. Enfin, nous présentons notre vision de 2tonnes et le fait que c’est bien plus qu’un chiffre mais un grand défi pour l’humanité et un beau projet collectif. Voici le sommaire détaillé :

Il était une fois le GIEC
Et ils créèrent la CCNUCC
Les conclusions du GIEC de 2014
L’Accord de Paris : Mirage ou miracle ?
·
Réduire les émissions de gaz à effet de serre
Budget carbone
Comment ne pas dépasser les +1,5°C ?
Emissions négatives, kézako ?
Cap sur 2050 !
Cap sur les 2tonnes.
·
Prenons un peu de recul
Comment s’annonce la suite de l’histoire ?
Des objectifs sur les émissions territoriales ou l’empreinte carbone ?
La suite de l’histoire est entre nos mains
·
En résumé

Il était une fois le GIEC

En 1988, alors que de plus en plus de scientifiques alertent sur un prétendu réchauffement du climat, l’ONU (le PNUE pour être exact : le Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) créent le GIEC. Cet organisme au nom qui peut prêter à confusion (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat et non groupe international des experts du climat !) a pour mission « d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au réchauffement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. »

Pour faire simple, le GIEC a pour mission de synthétiser la littérature scientifique liée au climat et à ses implications sociétales. Les travaux sont livrés sous forme de rapports d’évaluation ou spéciaux. Les rapports d’évaluation condensent un état des connaissances général, tandis que les rapports spéciaux s’intéressent à un aspect précis du sujet.

Ainsi, les travaux du GIEC ont permis de confirmer dès 1990 qu’un réchauffement climatique était effectivement en cours.

Et ils créèrent la CCNUCC

Cette première conclusion va résonner à l’ONU. Dès 1992, il est décidé d’ouvrir une Convention-Cadre (des Nations Unies) sur le Changement Climatique. C’est la « CCNUCC », qui se dit “knuk”. C’est un texte qui cadre la réflexion et l’action pour le climat à l’échelle internationale.

C’est dans ce cadre de négociations internationales qu’auront lieu les discussions et les prises de décisions concernant la lutte contre le changement climatique. Les membres de la CCNUCC (les Etats du monde et l’Union Européenne), appelés les « Parties » se réuniront pour cela lors des réunions annuelles appelées les « Conférences des Parties » (les fameuses Conferences of Parties, ou COP en anglais).

Les conclusions du GIEC de 2014

Suite au premier rapport de 1990, le GIEC a publié 4 nouveaux rapports d’évaluation. Ils ont notamment permis de confirmer la responsabilité de l’être humain dans le phénomène, de mesurer et de modéliser le phénomène avec de plus en plus de précision. Le 5ème rapport est paru en 2014. Il met notamment en avant la gravité des conséquences futures sur les systèmes socio-économiques. Pour cela, le GIEC a utilisé 4 scénarios de référence (les « RCP 2,6 ; 4,5 ; 6 ; 8,5 »), modélisant notamment les élévations de températures, les évolutions des émissions de gaz à effet de serre et les conséquences associées. Ces scénarios aboutissent en 2100 à des élévations de température moyenne sur Terre par rapport à l’ère préindustrielle comprises entre 2°C et 5°C.

L’Accord de Paris : Mirage ou miracle ?

En réponse aux conclusions du GIEC, les membres de la CCNUCC ont notamment cherché à définir un objectif et des règles pour atténuer le changement climatique (atténuer signifie limiter le changement climatique dans ses conséquences). Le pari était énorme : arriver à mettre d’accord près de 200 pays ayant chacun des enjeux très différents, en rassemblant des pays à l’économie très carbonée et historiquement responsables d’une grande partie des émissions, et des pays ayant besoin d’un développement économique actuellement corrélé à une augmentation des émissions, et historiquement responsables de très peu d’émissions passées.

COP21, Paris, 2015

Et c’est la gravité des conséquences décrites dans le rapport de 2014 du GIEC qui a conduit les signataires de l’accord de Paris s’accorder sur l’objectif de limiter le changement climatique « en maintenant l’augmentation de la température mondiale à un niveau bien inférieur à 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter encore davantage l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius. »

Cet Accord fixe aussi des modalités pour tous les signataires. Il exige notamment que les Parties se fixent des objectifs à leur niveau, sans obligation de résultat. Ces objectifs sont appelés les “Contributions déterminées au niveau national” (CDN). Les Parties ont aussi une obligation de transparence, et se réunissent régulièrement pour évaluer les résultats.

Il a maintenant été ratifié par 183 des 197 Parties. Il rassemble notamment toutes les Parties les plus émettrices (Chine, USA, Union Européenne…) et les Parties qui risquent d’avoir des émissions croissantes dans les prochaines décennies (pays d’Afrique, Inde).

Si cet Accord n’est pas contraignant juridiquement sur l’ambition des CDN, il a généré une réelle dynamique collective entre les pays. Bien que la plupart des CDN définies en 2016 ou 2017 étaient souvent encore trop peu ambitieuses, cela leur a permis d’intégrer ces objectifs à leur échelle domestique et de définir des stratégies pour les atteindre. De plus, de nombreux Etats ont depuis joué le jeu et revu leurs CDN à la hausse, comme par exemple la France, qui visait initialement une division par 4 de ses émissions territoriales, et vise maintenant dans sa stratégie (la “SNBC”) une division par 6 ainsi que la neutralité carbone.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre

Budget carbone

Commençons par rappeler le lien entre émissions de gaz à effet de serre et élévation de la température :

  1. Nous émettons des gaz à effet de serre (GES) : dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4),protoxyde d’azote (N2O) et des gaz de synthèse
  2. Ces gaz restent des années, voire des centaines d’années dans l’atmosphère, et la concentration de ces gaz dans l’atmosphère augmente
  3. Cela intensifie l’effet de serre, qui réchauffe la basse atmosphère et élève sa température

Et nous pouvons en tirer 2 conclusions :

  • Limiter le réchauffement climatique, c’est limiter la concentration en gaz à effets de serre, donc limiter les émissions cumulées (et non les émissions annuelles).
  • Il faut réduire jusqu’à “ne plus émettre”, ou plus précisément atteindre la neutralité carbone (expliqué plus loin).

On appelle la limite d’émissions cumulées à ne pas dépasser le budget carbone. Un budget carbone correspond à un objectif de limitation de l’élévation de température.

Il s’agit de respecter ce budget carbone en réduisant nos émissions progressivement vers “0 émissions nettes”.

Comment ne pas dépasser les +1,5°C ?

Afin d’étudier cette question, et plus généralement afin d’identifier les différences en termes de faisabilité, de coûts, mais aussi de conséquences entre des scénarios +1,5°C et +2°C, la CCNUCC a sonné chez le GIEC lors de la COP21 pour demander un rapport spécial sur le sujet.

Ce rapport intitulé « Global Warming of 1,5°C » est paru en 2018. Il affirme que la probabilité de maîtriser l’élévation de température à +1,5°C en 2100 dépend de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre mondiales, et notamment des émissions de CO2. Pour certains scénarios, la probabilité de réussite sera très élevée, et pour d’autres elle sera plus faible).

Le GIEC a imaginé de nombreux scénarios d’évolution des émissions de gaz à effet de serre. Les voici pour le CO2 :

Global emission pathway caracteristics, IPCC, Global Warming of 1,5°C

On devine de nombreuses courbes correspondant chacune à un scénario modélisé. Parmi eux :

  • Ceux dans la surface bleue sont des scénarios dans lesquels il est probable que les +1,5°C ne soient pas dépassés : On parle de scénario sans dépassement.
  • Ceux dans la surface grise sont ceux dans lesquels il est probable que les +1,5°C ne soient pas dépassés en 2100, mais qu’il y ait un dépassement au-delà de +1,5°C durant le XXIème siècle : On parle de scénario avec dépassement.

On remarque aussi que, quel que soit le scénario étudié, le rythme de réduction est rapide. Les émissions de CO2 qui doivent être nulles vers 2050 puis être négatives.

Pour synthétiser, oui, l’objectif des 1,5°C est possible mais il est ambitieux.

Emissions négatives, kézako ?

On remarque aussi que pour de nombreux scénarios, les émissions de CO2 finissent par être négatives. Cela signifie que des quantités de CO2 sont absorbées par divers éléments :

  • Du reboisement
  • Des solutions d’absorption et de stockage du CO2 (comme les BECCS désignant l’utilisation de la biomasse comme carburant assortie de techniques de capture et stockage du carbone ou “Bio-energy with carbon capture and storage”). Le principe est simple : faire pousser des végétaux qui absorbent du CO2 par photosynthèse pour constituer leur matière organique, puis les brûler, récupérer le CO2 lors de la combustion, et le stocker dans des couches géologiques.

La mise en pratique est plus complexe : le potentiel de telles techniques ainsi que le déploiement industriel est encore mal maîtrisé. C’est pour cette raison que les scénarios les moins dépendants des émissions négatives restent à privilégier. Et ces scénarios impliquent de commencer à réduire les émissions rapidement et maintenant.

Lorsque l’on compte ainsi les émissions positives et négatives, on parle d’émissions “nettes”. Pour la suite de l’article, nous parlerons des émissions “brutes” pour désigner les émissions positives.

Lorsque les émissions sont nulles, cela signifie que nous ne sommes pas “0 t CO2”, mais que l’humanité émet autant qu’elle absorbe. On parle de “neutralité carbone” (sur le CO2). On parle aussi de “Zero Net Emissions”, ou “ZEN”.

Cap sur 2050 !

Dans les différents scénarios permettant de limiter à +1,5°C, on constate que la majorité des réductions doit s’effectuer entre aujourd’hui et 2050. Voici la répartition des émissions nettes aujourd’hui et en 2050 selon les 2 principaux scénarios moyens +1,5°C (sans dépassement et avec dépassement) du GIEC :

Niveaux d’émissions mondiales en 2010 (données IPCC, Evaluation Report 5, 2014)et 2050 (trajectoires 1,5°C, données IPCC Global Warming of 1,5°C)

Voici comment lire ce graphe :

  • Les émissions de GES nettes (émissions positives — émissions négatives) se lisent au niveau du point violet
  • Les émissions de GES positives (ou “brutes”) se lisent à la hauteur de la barre (bleu+rouge)
  • Les émissions négatives sont la partie verte sous l’axe des abscisses

Les émissions brutes diminuent beaucoup (division par entre 2,5 et 3). Elles devraient être en 2050 d’entre 17,3 et 20,5GtCO2e.

Et les émissions nettes diminuent encore plus (division par entre 6 et 8). Elles devraient être en 2050 d’entre 6,5 et8,4GtCO2e. On remarque que la neutralité carbone est atteinte sur le CO2 (le vert est l’opposé du bleu sur le graphe).

Pour des scénarios +2°C, les réductions sont du même ordre de grandeur mais peuvent être réalisées plus lentement, entre aujourd’hui et 2070.

Cap sur les 2tonnes.

Les éléments avancés précédemment présentent des évolutions des émissions mondiales, en GtCO2e/an.

  • L’unité tCO2e mesure la masse de gaz à effet de serre émise par l’humanité. Ce petit “e” a son importance ! Cela se dit d’ailleurs “tonnes de CO2 équivalent”. Contrairement aux tonnes de CO2 (sans e), les tonnes de CO2e prennent en compte tous les gaz à effet de serre : CO2, CH4, N2O, HFCs et autres gaz de synthèse.
  • 1 GtCO2e, c’est 1 milliard (1 000 000 000) de tCO2e ! L’ordre de grandeur est très élevé et abstrait pour notre cerveau humain. Mais nous pouvons aussi exprimer ces quantités avec des unités plus concrètes. Par exemple, nous pouvons ramener les émissions à une quantité par être humain.

En 2010, il y avait environ 6,9 milliards d’êtres humains qui émettaient environ 52GtCO2e/an. Un humain moyen émettait donc 7,5tCO2e/an.

Il est estimé qu’en 2050 la population mondiale atteindrait les 9 et 10 milliards d’humains. Pour les 2 scénarios +1,5°C (avec et sans dépassement), sachant qu’il faudrait ne pas émettre plus d’entre 17,3 et 20,5GtCO2e en 2050, cela revient à ne pas émettre plus d’entre 1,73 et 2,38 tCO2e/humain (en 2050, en émissions brutes).

Il y a évidemment des écarts selon les scénarios d’élévation de la température et de croissance démographique. De plus, il y a des incertitudes associées à ces scénarios. Ces chiffres ne sont donc pas à interpréter comme des résultats précis, mais comme un ordre de grandeur : 1,5°C en 2100, c’est être à environ 2tCO2e/humain/an, vers 2050 (en émissions brutes).

L’ambition est donc la suivante : passer de plus de 7tCO2e/humain/an aujourd’hui, à environ 2tCO2e/humain/an en 2050 (en émissions brutes). En plus, il faudra compenser une partie de ces émissions (pour être à un niveau plus faible en émissions nettes).

L’ambition est similaire pour limiter l’élévation de température à +2°C, avec un horizon de temps 2070 et non 2050.

Par ailleurs, l’ambition est différente pour chacun des Etats : certains Etats, très émetteurs dans leur production et/ou leur consommation, ont des émissions de 10 à 20tCO2e/personne/an en moyenne (ou même plus pour les plus émetteurs). Pour d’autres Etats, il s’agira à l’inverse de poursuivre un développement économique nécessaire à l’amélioration des conditions de vie tout en maîtrisant les émissions de GES.

Prenons un peu de recul

Résumons ces dernières considérations un peu techniques. La quasi-totalité des Etats du monde se sont accordés pour limiter le changement climatique à +2°C voire à +1,5°C. Cela implique d’après le GIEC de suivre un scénario de réduction des émissions de gaz à effet de serre très ambitieux, mais possible. Ces scénarios impliquent de réduire les émissions moyennes par humain pour les faire passer de plus de 7tCO2e/an à 2tCO2e/an. Et en plus, il faudra en compenser une partie.

Et reprenons maintenant notre histoire !

2tonnes est bien plus qu’un simple point sur les trajectoires 1,5°C et 2°C du GIEC. C’est un objectif très ambitieux, mais atteignable. Et c’est surtout un projet collectif international autour duquel l’humanité se rassemble progressivement et s’engage de plus en plus, dans tous les pays et tous les milieux. C’est un grand défi au nom du Développement Durable, qui nous lie tous pour une solidarité envers les autres et envers les générations futures.

Comment s’annonce la suite de l’histoire ?

Ce cap international des +2°C voire +1,5°C implique dans le cadre de l’Accord de Paris que chaque Etat se fixe un cap domestique (un “NDC”), et mette en œuvre une stratégie pour l’atteindre. En compilant les NDC de l’ensemble des Etats, nous sommes sur une trajectoire +2,4°C selon le Climate Action Tracker.

2100 Warming Projections, Climate Action Tracker

Il y a déjà beaucoup de progrès. Il y a 2 ans, nous étions sur une trajectoire de plus de +3°C avec les NDC. Néanmoins, certains Etats doivent revoir encore leurs objectifs à la hausse pour que le monde suive une trajectoire entre +1,5°C et +2°C.

De plus, de la déclaration d’intentions à la mise en application, il y a un monde. La mise en œuvre effective des stratégies visant à atteindre ces objectifs est encore insuffisante et nous amènerait en réalité vers un réchauffement compris entre +2,7°C et +3,1°C.

En France par exemple, nous avons un objectif très ambitieux : diviser les émissions territoriales par 6 et atteindre la neutralité carbone en 2050, en suivant une trajectoire de réduction. Néanmoins, les mesures en place et les nouvelles mesures envisagées dans la loi Climat actuellement en discussion sont insuffisantes selon Carbone 4.

Des objectifs sur les émissions territoriales ou l’empreinte carbone ?

Attention, les NDC portent actuellement sur les émissions territoriales, et non sur l’empreinte carbone, qui recouvre les émissions générées par la consommation finale d’un pays (Pour faire simple, la différence entre les 2 approches est l’ajout des émissions importées et la soustraction des émissions exportées). Une approche centrée sur l’empreinte carbone est complémentaire car elle permet d’identifier d’autres leviers de réduction. Et elle peut devenir essentielle dans certains cas. Par exemple, en France les émissions territoriales diminuent depuis 1990, mais l’empreinte carbone a beaucoup moins diminué. Ce phénomène s’explique en partie par la délocalisation de notre industrie. Finalement, nous aurions simplement décalé le problème. D’où l’importance d’avoir une approche empreinte carbone, et pas uniquement émissions territoriales. Les réflexions sont en cours pour intégrer plus rigoureusement l’empreinte carbone à la stratégie française.

Malgré tous ces “mais”, la dynamique est lancée et s’accélère : de plus en plus de pays s’engagent, et s’engagent avec de plus en plus d’ambition. De plus en plus d’actions sont mises en œuvre et envisagées.

La suite de l’histoire est entre nos mains

Le défi est immense. Il implique de mettre en œuvre une transition mondiale très ambitieuse et d’effectuer de profondes transformations de nos sociétés en renonçant notamment à un accès à une énergie facile d’utilisation et bon marché.

Notre histoire ne fait que commencer, nous entrons dans la partie la plus intéressante. Et la suite reste à écrire. Allons-nous réussir ce défi ? Si oui, comment ? C’est justement à cette question que l’atelier 2tonnes vise à apporter des réponses. Si vous n’avez pas encore participé, venez imaginer la suite de l’histoire avec nous !

En résumé

Les Etats ont défini un cadre d’action pour lutter contre le changement climatique à travers l’Accord de Paris en 2015. L’objectif défini est de limiter l’élévation de la température moyenne sur Terre à +2°C voire +1,5°C. Cela implique de suivre l’une des trajectoires de réduction des émissions de gaz à effet de serre modélisées par le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental pour l’Evolution du Climat). Ces trajectoires visent d’importantes réductions des émissions. En considérant un objectif de +1,5°C et une croissance démographique portant la population humaine aux alentours de 10 milliards d’humains en 2050, il faudrait suivre une trajectoire de réduction qui passe par 2tCO2e/humain/an en 2050 (alors que nous sommes à plus de 7tCO2e/humain/an actuellement). C’est un défi énorme mais possible. A nous de jouer.

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